De l'ENSIC au Nobel
Saviez-vous que le Pr Albert Hérold, qui enseigna la Chimie Minérale Industrielle à l'ENSIC de 1960 à 1975, contribua largement au développement de la batterie Li-ion, qui a valu le Prix Nobel de Chimie 2019 à ses inventeurs ?
Notre camarade Philippe Lagrange (ENSIC 1971) nous rappelle le rôle éminent joué par le Professeur Albert Hérold dans la mise au point des batteries lithium-ion, pour laquelle 3 chercheurs viennent d’obtenir le prix Nobel de Chimie.
Albert Hérold, né en1921, fut professeur de Chimie Minérale Industrielle à l’ENSIC de 1960 à 1975. A partir de 1961, il est directeur du Laboratoire éponyme situé dans les locaux de l’ENSIC. En 1966, il associe son équipe à celles de René Faivre (métallurgie) et Jacques Aubry (ICN 1935, chimie minérale) pour former l’un des premiers laboratoires associés du CNRS à Nancy : le Laboratoire de Métallurgie et Chimie du Solide qui subsistera jusqu’en 1975.
A partir de 1971, suite à la création de l’Institut National Polytechnique de Lorraine, le laboratoire migrera dans les locaux de l’Université Nancy I (Université Henri Poincaré).
Albert Hérold est décédé le 26 avril 2018 à l’âge de 96 ans.
Edith Dellacherie (ENSIC 1964)
En marge de l’attribution du prix Nobel de Chimie 2019 aux inventeurs de la batterie lithium-ion (Stanley Whittingham, John Goodenough et Akira Yoshino)
Cette batterie comporte une électrode positive constituée généralement d’un oxyde (cobalt, manganèse…) apte à accueillir des ions Li+, et une électrode négative, toutes deux immergées dans un électrolyte. L’électrode négative peut simplement être constituée de lithium métallique mais, lors de la recharge, la croissance incontrôlable de Li sous forme de dendrites est responsable de court-circuit. Un matériau mieux structuré est donc nécessaire pour construire cette électrode. Le composé d’intercalation graphite-lithium de formule LiC6 répond parfaitement à cette exigence, puisque préparé de façon topotactique à partir de la structure lamellaire du graphite. Aussi est-ce bien le matériau qui est universellement employé aujourd’hui dans la construction de ces batteries.
A ce sujet, un point d’histoire à rattacher à l’ENSIC mérite d’être souligné. C’est en effet le Professeur Albert Hérold, qui, pour la toute première fois, a réalisé la synthèse de ce matériau LiC6. Professeur à l’ENSIC de 1960 à 1975 puis à l’Université de Nancy I après cette date et spécialiste mondialement reconnu des composés d’intercalation du graphite, il publie ses premiers résultats sur le composé lamellaire graphite-lithium, déjà très explicites, dès 1955. Désireux d’approfondir ce travail, il confie par la suite ce sujet de recherche à Daniel Guérard. Tous deux publient en 1966 un article concernant la chimie de l’intercalation du lithium dans le graphite. En janvier 1974, c’est sur ce thème que son doctorant soutient une thèse d’Etat à l’Université de Nancy I. Enfin en 1975, un article signé A. Hérold et D. Guérard décrit de façon exhaustive les méthodes de synthèse et les structures cristallines des phases lamellaires graphite-lithium.
La plus grande partie de ces travaux a ainsi été menée dans les locaux de l’ENSIC (bâtiment Déglin) entre 1964 et 1971.
Depuis cette période, la thématique « composés d’intercalation du graphite » n’a cessé d’être développée à Nancy, tout d’abord dans le cadre du Laboratoire de Chimie du Solide Minéral de l’Université Henri Poincaré, et par la suite au sein de l’équipe Matériaux Carbonés de l’Institut Jean Lamour (Campus Artem).
Philippe Lagrange, Professeur Emérite (ENSIC 1971)